Collection « Sir Peter Ustinov », Sotheby’s

6 juillet 2023

Le 6 juillet 2023, chez Sotheby’s, eut lieu la vente aux enchères de la collection de Peter Ustinov (1921-2004), un acteur oscarisé, écrivain et metteur en scène, issu de la famille d’artistes Benois-Lanceray. Célèbre pour ses réalisations cinématographiques et ses écrits, Peter Ustinov grandit dans un environnement artistique. Sa mère, Nadezhda (Nadia) Benois, était une artiste-peintre inspirée des œuvres d’art de son oncle Alexandre Benois, de son cousin Eugène Lanceray et de sa cousine Zinaïda Serebriakova, et bien d’autres encore (voir Famille d’artistes). Les œuvres d’art de ses proches constituèrent sa large collection mise en vente, aux côtés des œuvres d’autres artistes qu’il collectionna tout au long de sa vie, tels que Pierre-Auguste Renoir, Félix Vallotton, Emil Nolde, Oscar Kokoshka, Natalia Gontcharova, Jean-Louis Forain, Avni Arbas, etc.

Et c’est un pastel de Zinaïda Serebriakova – le portrait de Peter Ustinov enfant – qui devint l’un des lots les plus emblématiques, et aussi, l’un des plus chers de la vente, après La Lecture de Pierre-Auguste Renoir et deux paysages de Félix Vallotton. En 1925, Zinaïda Serebriakova rendit visite à la famille Ustinov en Angleterre, où elle conçut ce portrait de Peter âgé alors de 4 ans, ainsi que le portrait de Nadezhda (Nadia) Benois, épouse de Jona von Ustinov.

Dans la collection, se distingue incontestablement l’intérêt du dramaturge Peter Ustinov pour les nombreux projets de décors et de costumes de théâtre conçus par Alexandre Benois, dont certains portent des inscriptions, par exemple : « A ma très chère Nadia Ustinov. Souvenir de son oncle Alexandre Benois ». Parmi ces œuvres d’art, le remarquable projet de tableau La Foire de Mardi-Gras du ballet Petrouchka de 1957 : créé initialement pour les Ballets Russes de Serge Diaghilev au Théâtre du Châtelet, à Paris, en 1911, le décor fut retravaillé pour le Royal Opera House à Londres, en 1957. Et aussi d’autres projets de décor : pour le ballet Le Coq D’Or de 1937 (Royal Opera House, Covent Garden, à Londres), et pour ceux de la compagnie d’Ida Rubinstein, L’Impératrice aux Rochers de 1927 et La Valse  de 1929 (Opera de Paris, Palais Garnier). A noter aussi, le projet de décor (La salle de la Convention) pour le film Napoléon d’Abel Gance de 1927, dont Alexandre Benois était chef décorateur avec Henri Ménessier.

Les paysages d’Alexandre Benois occupaient également une place importante dans la collection, montrant des souvenirs de la Russie d’avant la révolution de 1917 (Saint-Pétersbourg, Peterhof, etc.) et les séjours artistiques datant d’après son émigration involontaire (les vues de Venise, du sud de France, etc.). Quant à Nadezhda (Nadia) Benois, bien qu’elle étudiât l’art à Saint-Pétersbourg, c’est en Angleterre, où elle vécut dès l’âge de 24 ans, qu’elle créa ses œuvres d’art majeures, paysages, scènes de rues, natures mortes et portraits, dont notamment les portraits de son fils Peter, âgé alors de 5 ans (en 1926) et de 11 ans (en 1932), et de son époux Jona von Ustinov (en 1945). Et enfin, on remarque tout particulièrement une œuvre sculptée par le fils de Peter Ustinov, Igor Ustinov – l’Épée d’académicien en bronze (Sir Peter Ustinov fut élu à l’Académie des Beaux-Arts, France, le 27 mai 1987), décorée de masques grecs de tragédie et de comédie, d’un stylo plume et d’autres symboles de son travail et de ses missions humanitaires.

Auteur: Olga Pavlinova Lanceray